La restitution d’œuvres africaines est quant à elle très récente. Le discours d’Emmanuel Macron donné en 2017 à l’Université Ouaga 1 au Burkina Faso en pose les prémices. La France s'engage désormais en faveur de la restitution des biens culturels pillés à leur pays d’origine.
Après ce discours, il charge Felwinn Sarr, universitaire et écrivain sénégalais, et Bénédicte Savoy, historienne de l’art française, d’établir dans un rapport l’état des lieux des collections nationales d’œuvres africaines acquises irrégulièrement.
Suite à ce rapport, la France prend acte des recommandations et restitue 27 objets africains au Bénin et au Sénégal dont le fameux sabre dit « d’El Hadj Sarr » pris par le général Archinard.
Pour ce faire, une loi spéciale a donc dû être adoptée[1] qui n'est applicable que pour les 27 œuvres concernées. Or, le rapport Sarr-Savoy évoquait un bien plus grand nombre d'objets détenus en France. D'autres identifications vont donc avoir lieu.
Récemment, un nouveau rapport sur ce point de droit a été commandé par le Président de la République. Rendu en avril dernier par Jean-Luc Martinez, ancien président du musée du Louvre, le rapport explore des idées pour établir une loi qui traiterait de manière générale la question des restitutions. L’idée serait d’éviter le recours systématique aux lois spéciales c'est-à-dire au cas par cas, un processus trop laborieux.
Rima Abdul Malak, actuelle ministre de la Culture, a annoncé début 2023 que trois lois-cadres seraient proposées au Parlement.
Il s'agit de trois lois destinées à diviser méthodiquement les différents types de restitutions, celles concernant les restes humains, celles concernant les biens spoliés aux familles juives par les nazis et celles concernant les autres biens culturels. La première loi-cadre, concernant la restitution de biens spoliés a été adoptée le 22 juillet 2023[2]. La seconde, concernant la restitution de restes humains vient tout juste d’être votée par le Parlement, le 13 novembre 2023[3]. La dernière doit entrer en vigueur au début de l'année 2024.
Le futur des biens mal acquis, notamment en contexte colonial, dépendra ainsi de la législation bientôt mise en oeuvre.
Concernant le Muséum du Havre, ce chantier permettra dans un premier temps d'approfondir la connaissance sur l'histoire des biens conservés pris en contexte de guerre et de colonisation en Afrique de l'Ouest.
[1] Loi du 24 décembre 2020 relative à la restitution de biens culturels à la République du Bénin et à la République du Sénégal
[2] Loi du 22 juillet 2023 relative à la restitution des biens culturels ayant fait l’objet de spoliations dans le contexte des persécutions antisémites perpétrées entre 1933 et 1945
[3] Loi du 13 novembre 2023 relative à la restitution des restes humains appartenant aux collections publiques
Bibliographies & références pour aller plus loin : TERVONEN Taina, 2022, Les Otages contre histoire d'un butin colonial, Marchialy
Remerciements à Justine Soistier, historienne spécialisée dans la recherche de provenance d'objets pris en contexte colonial et à Anne Liénard, Directrice du Muséum d'histoire naturelle du Havre, pour leurs relectures et contributions.